Exposition universelle 2030 : Arabie-Saoudite, pays-hôte favori, mais controversé

Le Bureau International des Expositions tranchera, mardi 28 novembre, qui de Ryad, Busan ou Rome, accueillera l’Exposition universelle de 2030. La candidature saoudienne, soutenue par Paris, suscite des critiques de la part des défenseurs des droits humains et de l’environnement.

La réception Riyad 2030, visant à promouvoir la candidature de la capitale saoudienne à l’Exposition universelle 2030, à Paris, le 19 juin 2023. AFP/Archives (c) Ludovic MARIN

Trois villes sont en lice pour accueillir l’Exposition universelle 2030 : Ryad, Busan et Rome – capitales respectives de l’Arabie Saoudite, de la Corée du Sud et de l’Italie. Le Bureau International des Expositions (BIE) annoncera quel pays aura l’honneur d’organiser l’évènement, mardi 28 novembre dans l’après-midi, à l’issue d’un vote à bulletin secret.

Un greenwashing annoncé

Dans l’espoir de se voir attribuer l’organisation de la manifestation, les pays rivalisent d’idées. Le dossier de candidature de Ryad promeut un projet intitulé « l’Ère du changement : Ensemble pour un avenir clairvoyant » qui déroule des promesses écologiques, des innovations technologiques et des engagements en faveur des droits humains.

L’Arabie Saoudite promet, par exemple, d’organiser « la première exposition carbo-négative » de l’histoire. Il s’agirait d’une exposition qui contribuerait à réduire le réchauffement climatique, dans un pays pourtant aride, parmi les premiers producteurs de pétrole au monde et l’un des premiers émetteurs de gaz à effet de serre par habitant.

Du « greenwashing à grande échelle », estime le sociologue Patrick le Galès, directeur de recherche au CNRS et à Sciences Po, pour qui ce genre d’événement sert avant tout à « valoriser les élites en place ».

Spot promotionnel de la candidature de Ryad pour l’Exposition universelle de 2030

Cautionner des atteintes aux droits humains ?

Comme pour les Jeux-Olympiques ou la Coupe du monde de football, organiser une exposition universelle permet d’accroître son soft-power. De tels « méga-événements » sont une occasion de « tirer la croissance et renforcer l’influence » d’un pays, explique encore Patrick le Galès. Avec cette candidature, Ryad pourrait chercher, à redorer son blason, terni, par exemple, par l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018.

Quinze associations de défense des droits humains ont appelé les 179 États membres du BIE à « ne pas voter » pour Ryad. Selon elles, cela enverrait « le message tacite selon lequel de telles actions sont acceptables » et offrirait « une plateforme mondiale à un régime qui a l’habitude de violer les droits humains fondamentaux ».

Pour aller plus loin : Exposition universelle 2030 : qui sont les candidats ?

Marie Leveugle