Soupçons de favoritisme : le ministre du Travail Olivier Dussopt devant la justice

Accusé de favoritisme dans un appel d’offres lorsqu’il était maire d’Annonay, le ministre du Travail comparaît devant la justice jusqu’au 30 novembre. Olivier Dussopt conteste ces faits et entend clamer sa « bonne foi ».

Olivier Dussopt comparaît devant la justice jusqu’au 30 novembre. Il est accusé de favoritisme. [REUTERS/Sarah Meyssonnier]

C’est un nouveau coup dur pour la Macronie. Après le procès mi-novembre du garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, c’est désormais au ministre du Travail, en poste depuis 18 mois, de se rendre au tribunal. Il est accusé d’avoir favorisé le groupe de traitement de l’eau Saur dans un appel d’offres pour un marché public passé en 2009. Le groupe a remporté l’un des deux marchés proposés, pour un montant de 5,6 millions d’euros. Olivier Dussopt était alors député et maire PS d’Annonay (Ardèche).

Le ministre comparaît devant la 32e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris jusqu’au 30 novembre. « Je souhaite que cette audience me permette d’établir ma bonne foi » a-t-il déclaré devant le tribunal, où sont également attendus Olivier Brousse, directeur général de Saur au moment des faits, accusé de complicité de favoritisme, et Saur, poursuivie pour recel de favoritisme. Tous contestent les faits qui leur sont reprochés.

Une affaire déclenchée en 2020

La poursuite du ministre se fonde sur deux documents saisis à son domicile en août 2020. Une enquête avait été ouverte en mai 2020 pour corruption, prise illégale d’intérêt, complicité et recel de ces délits après la publication d’un article de Médiapart. Le premier document est un compte-rendu d’un entretien avec Olivier Brousse. Le montant du marché et les critères de l’appel d’offres y sont évoqués. Le second est un mail envoyé par l’élu demandant de faire évoluer plusieurs de ces critères. Olivier Dussopt reconnaît avoir fait modifier les critères d’évaluation de l’appel d’offres en demandant « à ce qu’il y ait un rééquilibrage » au profit des critères techniques. Il nie cependant avoir évoqué le montant du marché avec Olivier Brousse.

L’enquête préliminaire comptait cinq motifs de plainte visant le ministre. Le parquet a cependant fait le choix de ne retenir qu’un seul de ces griefs, ce dont se satisfait Olivier Dussopt : « c’est un point très important pour moi, car ça signifie [que le parquet] a écarté toute notion de corruption, d’enrichissement personnel. » De son côté, Emmanuel Macron apporte son « soutien total » au ministre. Olivier Dussopt risque tout de même sa place au gouvernement et encourt une peine de deux ans de prison et 30 000 euros d’amende.

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Manon Berdou