MADAGASCAR – Après l’élection présidentielle, deux colonels inculpés pour tentative de « déstabiliser le pouvoir »

Deux colonels de l’armée malgache ont été inculpés et placés en détention. Ils sont accusés d’avoir tenté de contester l’élection présidentielle et de déstabiliser le pouvoir en amont du scrutin.

L’ambiance n’est pas prête de s’apaiser sur l’île de Madagascar. Ce mardi 28 novembre, deux colonels de l’armée malgache ont été placé en détention accusés d’avoir « essayé de soudoyer des commandants de bataillon dans la ville d’Antananarivo dans le but de les inciter à la mutinerie », a déclaré à l’AFP Tahina Ravelomanana, chef de la section criminelle de la gendarmerie.

En amont du premier tour de l’élection présidentielle, les deux haut-gradés auraient proposé l’équivalent de près de 25 000 euros à divers responsables de l’armée. L’objectif : inciter des soldats à provoquer des troubles. Une proposition refusée par les responsables qui ont, par la suite, dénoncé les deux auprès de l’état-major.

Samedi 16 novembre, Andry Rajoelina a été déclaré vainqueur au premier tour de la présidentielle électorale, avec 58,95% des suffrages. Une élection qui s’est déroulée dans un contexte de vives tensions entre le candidat sortant et un collectif d’une dizaine d’opposants. 

Un scrutin sous haute tension

Plusieurs semaines avant le scrutin, le collectif avaient appelé à manifester à Antananarivo. Les protestations, qui n’ont pas été massivement suivies, avaient été dispersées à coups de gaz lacrymogènes.

Au moment de se déplacer aux urnes, l’opposition a de nouveau fait part de son mécontentement, en appelant les électeurs et électrices à boycotter le vote. Un message qui semble avoir été entendu puisque le taux de participation est en baisse par rapport à la précédente présidentielle de 2018. Sur les onze millions de Malgaches inscrits sur les listes électorales, seuls 46% sont allé·es voter.

« Irrégularités flagrantes »

Depuis le scrutin, les accusations d’irrégularités des membres de l’opposition se sont multipliées. « Nous ne reconnaîtrons pas les résultats de cette élection illégitime, truffée d’irrégularités, et nous déclinons toutes responsabilités sur l’instabilité politique et sociale qui pourrait en découler », ont-ils mis en garde dans une déclaration commune.

Deux recours ont été déposés auprès de la Haute cour constitutionnelle dans l’espoir de faire annuler le scrutin. Depuis son indépendance de la France en 1960, les élections sur l’île de Madagascar se sont rarement conclues sans être assorties de contestations, ou d’une crise.

Coralie Chovino

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