Premier vol transatlantique aux « carburants verts », bonne piste ou greenwashing ?

La compagnie aérienne britannique Virgin Atlantic lance, mardi 28 novembre, le premier vol transatlantique propulsé intégralement aux carburants dits « durables ». Les associations écologistes qualifient l’opération de « verdissement de façade ».

Mardi 28 novembre, la compagnie Virgin Atlantic lance un avion aux carburants dits durables. (photo d’illustration). (Joe Giddens/PA)(PA Archive)

L’entreprise de transport aérien, Virgin Atlantic, s’est associée à l’avionneur américain Boeing, au motoriste britannique Rolls-Royce et au géant des hydrocarbures BP, pour créer le premier avion transatlantique « fonctionnant 100% aux carburants dits durables sur un trajet long courrier ». Un vol test doit relier Londres et New-York, ce mardi 28 novembre.

Qu’est-ce qu’un carburant durable d’avion ?

Produits à partir d’huiles usagées, résidus de bois ou algues, les carburants durables d’aviation (CDA) sont considérés comme le principal levier de décarbonation du secteur aérien pour les décennies à venir. (illustration chiffres investissement du secteur dans les CDA). Ils sont présentés comme « durables » parce qu’ils sont produits à partir de restes de matières végétales plutôt que par extraction d’hydrocarbures.

Leur production reste balbutiante, très chère est discutée d’un point de vue environnemental.

Les CDA peuvent-ils remplacer le kérosène ?

Les CDA peuvent être utilisés en complément du kérosène dans une proportion allant jusqu’à 50% du plein des avions actuels. Cependant, comme tout carburant, leur combustion génère du CO2 – le principal gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique.

Pour, Finlay Asher, ingénieur aérospatial qui a travaillé pour Rolls Royce, la technologie des CDA est une « impasse technologique » car elle ne peut être développée à une échelle suffisante. Une idée que reprend Doug Parr, scientifique chez Greenpeace UK, selon lequel « les déchets utilisés comme matière première pour le bio-kérosène ne sont pas disponibles en quantités suffisamment importantes pour avoir un impact significatif sur les émissions de l’aviation ».

Plutôt que d’envisager les CDA comme une alternative, « la seule manière efficace de traiter les émissions de l’aviation à court terme est de s’attaquer à la demande, assure-t-il, toute suggestion contraire relève simplement de l’utopie ».

Une solution qui peut-être généralisée ou pas ?

L’association écologiste Stay Grounded (restez au sol) a qualifié l’opération de Virgin Atlantic de « verdissement de façade ». Elle appelle à être particulièrement mesuré quant à ce genre de solution qui ne peuvent être généralisées. « Pendant que l’attention du monde se porte sur un seul vol, il y en a 100.000 chaque jour utilisant des carburants fossiles. Les substituts ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan des hydrocarbures ».

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Marie Leveugle