Sept ans après son discours à la Sorbonne pour présenter sa vision de l’Europe, Emmanuel Macron change de ton. L’Europe « peut mourir et cela dépend uniquement de nos choix », a prévenu le chef de l’Etat ce jeudi 25 avril.
Devant Emmanuel Macron, aucun parlementaire européen, hasard d’un calendrier malheureux, mais des ministres, préfets, ou ambassadeurs européens. Tous venus écouter le chef de l’Etat dessiner sa perspective européenne pour les prochaines décennies. Le grand amphithéâtre de la Sorbonne affiche complet ce jeudi 25 avril matin.
Pour présenter sa vision du futur, Emmanuel Macron regarde le passé. Celui qui a prononcé il y a sept ans un discours dans le même lieu, débute par une longue liste des « avancées décisives » européennes prises ces dernières années :
- « L’unité financière pour sortir de la pandémie »
- « L’unité stratégique sur des sujets qui, jusque-là, étaient restés du seul ressort des nations : la santé »
- « Une plus grande souveraineté technologique et industrielle »
- « Penser et planifier les grands défis de l’Europe », se félicitant ainsi du Pacte vert européen
- « Réaffirmer clairement l’existence de ses frontières »
- « Repenser notre géographie dans les limites de notre voisinage »
Un bref retour en arrière, avant un regard vers l’avenir. Sombre. « Notre Europe aujourd’hui est mortelle. Elle peut mourir et cela dépend uniquement de nos choix », a rappelé le président de la République lors de son discours. Avec trois constats majeurs : « ce constat géopolitique et de sécurité, ce constat économique, et ce constat au fond culturel et intellectuel ».
Un discours pour « une Europe puissante » : démocratie, économie, défense
Emmanuel Macron prévient : « dans notre Europe, nos valeurs, notre culture sont menacées ». Le chef de l’Etat met en garde contre la « bataille culturelle » qui s’engage au sein du vieux continent. « Notre démocratie libérale est de plus en plus critiquée, avec des faux arguments, avec une forme d’inversion des valeurs parce qu’on laisse faire, parce que nous sommes vulnérables », a-t-il alerté.
Une menace, doublée d’un défi économique. « C’est que sur le plan économique, notre modèle tel qu’il est conçu aujourd’hui n’est plus soutenable parce que nous voulons légitimement tout avoir », a affirmé Emmanuel Macron. Avec en toile de fond, la concurrence économique. « Les deux premières puissances internationales [La Chine et les Etats-Unis] ont décidé de ne plus respecter les règles du commerce. Je le dis dans des termes très simples, mais c’est ça la réalité. »
Une concurrence économique certes, mais pas de guerre. Celle en Ukraine en revanche a motivé une large partie du discours présidentiel. Emmanuel Macron appelle les Européens à bâtir une « défense crédible du continent européen ». Il s’est d’ailleurs engagé à mener une « initiative de défense européenne » et à proposer la « création d’une Académie militaire européenne pour former les futurs cadres militaires et civils européens ».
De discours en discours : accélérer le projet européen présidentiel
Avec cette prise de parole, Emmanuel Macron souhaite accélérer ce qu’il a débuté en 2017 : orienter la construction européenne. Lors de son premier discours, « il a donné des impulsions », accorde aujourd’hui la tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux européennes, Raphaël Glucksmann à l’AFP. « Par son discours à la Sorbonne en 2017, il a changé l’atmosphère européenne », renchérit l’ancien président de la Commission européenne (2014-2019), Jean-Claude Juncker.
Deux ans après, en mars 2019, et à quelques mois des élections européennes encore, il s’était adressé aux citoyens de l’UE dans une lettre. Il y détaillait plusieurs propositions pour « une renaissance européenne », avec des thèmes similaires à ceux d’aujourd’hui : défense européenne, concurrence économique, environnement. Le temps passe, les défis demeurent.
Ancelin Faure
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