Élections européennes : Ce qu’il faut retenir du discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne

Le président a tenu un discours sur l’Europe à la Sorbonne ce jeudi 25 avril (11 h). L’objectif, renouer avec le prestige de son premier discours dans les murs de l’université parisienne il y a sept ans, mais aussi appuyer sur les réussites de son premier mandat, le durcissement de la politique sécuritaire et la puissance de l’Europe pour pousser la campagne européenne du groupe Renaissance à quelques semaines de l’échéance électorale.

Emmanuel Macron tente de relancer son parti Renaissance dans la course électorale européenne lors d’un discours à la Sorbonne ce jeudi 25 avril. © France Diplomatie

« Le président se sent attaqué sur ses bases, l’économie et l’Europe », confiait un proche du gouvernement dans la matinée du jeudi 25 avril. Pour relancer la campagne européenne du parti Renaissance à l’approche de l’échéance électorale du 9 juin, Emmanuel Macron a cherché à reproduire le contexte de son discours à la Sorbonne de 2017. L’idée d’une « souveraineté européenne » a été remplacée par un discours axé sur les succès passés et la sécurité pour défendre la « puissance européenne ».

Le président de la République ne fait plus face au même contexte politique qu’à ses débuts à l’Élysée. Sa vision d’une « souveraineté européenne » se confronte à son absence de majorité à l’Assemblée nationale comme à la montée des tensions sur le continent et à la prise d’importance des extrêmes dans les sondages. À 44 jours de l’élection des membres du Parlement européen, Emmanuel Macron souhaite relancer la campagne de son parti, Renaissance, largement derrière le Rassemblement national dans les derniers sondages.

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Bilan du premier mandat : « Il y a eu des réussites »

Sept ans après son discours sur l’Europe à la Sorbonne, Emmanuel Macron est revenu sur « les réussites, en particulier en matière d’unité et de souveraineté » de la France dans le jeu politique européen. Face à une bonne partie de son gouvernement, dont Gabriel Attal, Gérald Darmanin ou Amélie Oudéa-Castéra par exemple, le locataire de l’Élysée a défendu « l’unité financière pour sortir de la pandémie de COVID 19 « , « le choix de l’unité stratégique sur des sujets qui, jusque-là, étaient restés du seul ressort des nations : la santé » et le « pari » de l’UE de miser « l’unité européenne dès le premier jour de l’agression russe en Ukraine et sur un soutien militaire massif de l’Union européenne ». Emmanuel Macron dresse donc un bilan particulièrement positif de la prise de pouvoir effective de Bruxelles pour gérer les crises continentales. Son discours s’ancre donc dans une volonté de « prise de pouvoir européen » et s’intègre dans la logique de campagne électorale. Mais au pupitre, il a avoué qu’il n’a « pas tout réussi. Il faut être lucides » notamment dans son projet de souveraineté européenne.

« Nous devons être lucides sur le fait que notre Europe aujourd’hui est mortelle. Elle peut mourir et cela dépend uniquement de nos choix. Mais ces choix sont à faire maintenant. Nous avons commencé à repenser notre géographie dans les limites de notre voisinage. »

Emmanuel Macron

Redéfinir les frontières, mais ouvrir l’Europe

La stratégie politique mise en place par Emmanuel Macron est de séduire l’électorat de droite, qui agrège de nombreuses intentions de vote et qui est attaché aux valeurs nationalistes comme au durcissement des frontières. Il a loué la décision de l’Europe qui a commencé à réaffirmer clairement l’existence de ses frontières« , en référence au nouveau pacte sur la migration et l’asile. Le président déroule une stratégie de séduction pour lancer la campagne de son parti avant les élections. Mais, il reste ancré dans sa vision d’une Europe forte contre les menaces intérieures et extérieures. « Nous devons être lucides sur le fait que notre Europe aujourd’hui est mortelle. Elle peut mourir et cela dépend uniquement de nos choix. Mais ces choix sont à faire maintenant. Nous avons commencé à repenser notre géographie dans les limites de notre voisinageL’Europe se pense désormais comme un ensemble cohérent après l’agression russe en affirmant que l’Ukraine et la Moldavie font partie de notre famille européenne et ont vocation à rejoindre l’Union le moment venu, comme les Balkans occidentaux.« 

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Une Europe puissante

La différence avec son dernier discours entre les murs de l’université parisienne est que le chef de l’État ne vise plus la « souveraineté européenne », mais la « puissance européenne ». « L’Europe puissance, c’est simple, c’est une Europe qui se fait respecter et qui assure sa sécurité. C’est une Europe qui assume d’avoir des frontières et qui les protège. C’est une Europe qui voit les risques auxquels elle est exposée et qui s’y préparent pour ça« . La sécurité devient donc le centre des considérations de Renaissance qui s’éloigne de la focale économique pour séduire un nouvel électorat. Il a d’ailleurs ajouté : « Ce qu’il nous faut faire émerger, et c’est cela le nouveau paradigme en matière de défense, c’est une défense crédible du continent européen. C’est pourquoi, dans les prochains mois, j’inviterai nos partenaires à bâtir cette initiative européenne de défense qui doit d’abord être un concept stratégique, et à la création d’une Académie militaire européenne pour former les futurs cadres militaires et civils européens« .

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Le chiffre : Renaissance, deux fois moins d’intention de vote que le RN

En effet, selon la dernière enquête électorale publiée par l’institut de sondage IPSOS en avril, Renaissance serait limité à 16% d’intention de vote en France. La baisse de popularité supposée du parti présidentiel est notable puisque lors des dernières élections européennes (2019), sa tête de liste, Nathalie Loiseau avait glané 22% des voix (soit 5 076 464 voix). L’autre élément notable de ces prévisions se rapporte à l’ascension fulgurante du Rassemblement national dans les sondages. Le parti de Jordan Bardella est largement en tête des intentions de vote avec 32%. Une prédiction qui, si elle venait à se confirmer, surpasserait les 23,31% obtenu par le parti d’extrême droite lors des dernières élections européennes.

Tomas Jeusset