La mobilisation étudiante pour Gaza prend de l’ampleur à Sciences Po Paris. La France Insoumise, et notamment la candidate Rima Hassan, s’empare de ces manifestations, en pleine campagne des européennes.
“Venez toutes et tous à Sciences Po. L’heure est au soulèvement.” Rima Hassan, candidate insoumise pour les européennes et figure de la cause palestinienne, a rejoint cet après-midi les manifestations pour la Palestine à Sciences Po Paris. Les mobilisations pour un cessez-le-feu à Gaza prennent de l’ampleur chez les étudiants en France, et LFI se place en soutien politique numéro un.
“Soutien aux étudiant.es mobilisé.es. Ils ne feront pas taire les voix de la paix !” Après l’évacuation par des CRS des manifestants pro-palestiniens de Sciences Po Paris, le mouvement LFI de l’école réagit immédiatement sur X (ex-Twitter). Les rassemblements devant la Sorbonne pendant le discours d’Emmanuel Macron, et la mobilisation à Sciences Po sont soutenus et massivement relayés sur les réseaux sociaux par les Insoumis.
« Rima, Rima, Sciences Po est avec toi !«
Rima Hassan, candidate en septième position sur la liste LFI, affiche son soutien aux étudiants. Elle dénonce notamment ce matin l’intervention de Glucksmann sur BFM-TV. La tête de liste Place Publique – PS a affirmé que « la direction a le droit de décider d’évacuer. » Face aux positionnements de Raphaël Glucksmann, LFI veut se distinguer à gauche avec la cause palestinienne.
Convoquée par la police judiciaire pour “apologie du terrorisme”, la juriste franco-palestinienne est défendue par les étudiants qui manifestent à Sciences Po. « Rima, Rima, Sciences Po est avec toi !« , scandent-ils dans les locaux occupés, avant que la candidate insoumise n’annonce sur X rejoindre la mobilisation : “je serai avec vous cet après-midi Sciences Po, j’arrive.”
Le député insoumis Jérôme Legrave s’était déjà rendu hier à l’école rue Saint-Guillaume pour se mêler aux manifestants. Il a déclaré sur son compte X : “Soutien total aux étudiants de Sciences Po Paris mobilisés contre le génocide en Palestine. Comme les étudiants américains, ils montrent l’exemple !”
Les occupations s’inspirent en effet d’un mouvement venu des Etats-Unis. Depuis plusieurs jours, les manifestations pour réclamer un cessez-le-feu à Gaza se multiplient sur les campus américains, dans un climat de tension avec les forces de police. Ils viennent d’arriver en France avec un rassemblement devant la Sorbonne pendant le discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe
Les plus jeunes apparaissent comme une cible privilégiée pour les Insoumis et ils sont nombreux à être en accord avec le positionnement du parti. 43% des 18-24 ans se disaient “satisfaits” de l’attitude et des prises de position de Jean-Luc Mélenchon sur la situation en Israël et dans la bande de Gaza, contre 10% pour les plus de 35 ans, d’après une étude de l’IFOP de fin octobre 2023.
Succès de la conférence à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye
Pour Sara, présidente de l’association Memo (Maghreb et Moyen Orient) à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, le sujet sera déterminant dans le vote des plus jeunes : “ vu l’urgence de la situation, Gaza sera sans doute au centre des préoccupations, notre génération est plus renseignée sur le sujet, elle a souvent une autre perception”. Le collectif a co-organisé la venue de Rima Hassan dans cet IEP avec Open Up, qui promeut la diversité culturelle et l’antiracisme.
Les organisateurs précisent que Rima Hassan a été invité avant même d’être candidate aux Européennes. “On l’a invité parce que c’est une des figures principales en France sur le sujet de la Palestine”, précise Nessim, président d’Open Up. L’étudiant en est convaincu : “à aucun moment elle n’a donné le sentiment d’être en campagne. C’était une intervention très sincère sur son parcours et ses combats.”
Des conférences interdites
Nessim et Sara reconnaissent tout de même que des étudiants de Sciences Po ont massivement pris des places pour la conférence quand Rima Hassan a intégré la liste des insoumis. Pour ces étudiants, les mobilisations ne sont sans doute pas sans lien avec la tournée des universités des Insoumis. “Beaucoup d’étudiants sont venus nous remercier d’en avoir beaucoup appris après la conférence. Ça donne sans doute envie aux gens de se mobiliser”, se félicite Nessim. Sans qu’on puisse établir de lien direct, la mobilisation à Sciences Po a pris une réelle ampleur après la venue de Jean-Luc Mélenchon à l’IEP ce lundi.
Mais la stratégie de LFI pourrait-elle se retourner contre elle ? L’arrivée du leader insoumis à Sciences Po a été perturbée par des jeunes militants d’extrême droite. Plusieurs interventions ont par ailleurs été annulées voire interdites, notamment à Lille et à l’Université de Dauphine-PSL.
Mais à l’inverse, ces interdictions peuvent devenir un avantage pour LFI. Le parti apparaît massivement dans les médias, et se place en victime de censure. Jean-Luc Mélenchon dénonçait sur X un “abus de pouvoir de République bananière” après l’interdiction de sa conférence à Lille. Après la convocation de Rima Hassan par la police, LFI a dénoncé dans un communiqué « une tentative d’intimider et de criminaliser toutes les voix qui se lèvent face aux massacres en cours à Gaza ».
Les organisateurs de la conférence à Saint-Germain-en-Laye, en maintenant l’événement, voulaient aussi “montrer que ce genre de conférence n’a pas à être interdite parce que cela se passe très très bien, il n’y a eu aucun incident.” Les étudiants sont très reconnaissants envers la direction qui a subi des pressions de la part de la préfecture et du ministère, mais qui a estimé que l’interdire serait une entrave à la liberté académique. Sciences Po Saint-Germain aurait assuré aux étudiants que “ce serait quand même culotté de la part d’un IEP de l’annuler, alors que c’est le principe même d’être un espace de débats politiques.”
Solène Alifat
Pour aller plus loin :
Mobilisation pour Gaza de l’université de Columbia (Etats-Unis)
LFI mise sur la cause palestinienne pour réveiller la campagne